Après avoir travaillé au sein de nombreuses boutiques de la région où elle a fait ses preuves, Julie arrive dans un magasin au concept innovant : une plus grande offre de produits, un aménagement moderne et une surface de plus de 1000 m2. Elle passe d’une ambiance familiale à une équipe d’une trentaine de personnes travaillant sur des tranches horaires différentes. Même s’ils ne se croisent pas tous, tout le monde s’entend globalement bien, se dit bonjour, se fait des blagues. La moyenne d’âge est plutôt jeune, dans la trentaine. Les premiers mois, ça marche plutôt bien, Julie prend ses marques dans le nouveau magasin, elle a bien pris le pli. 

« La fin d’année arrive, c’est l’explosion en termes d’affluence »

La fin d’année arrive, c’est l’explosion en termes d’affluence. Les clients arrivent en nombre, avant l’ouverture du magasin, ils sont déjà une dizaine à attendre, tous les jours et toute la journée. C’est l’occasion de faire du chiffre, pour tout vendeur, c’est l’excitation. Le problème, c’est que le magasin est victime de son succès est qu’ils ne sont pas assez pour tout gérer. L’organisation collective se dérègle. Il est prévu que chaque vendeur occupe par alternance soit un poste commercial générant potentiellement une prime financière, soit un poste de prise en charge des clients (accueil, information, réclamation) sans prime associée. 

« C’est la loi du plus fort»

La bonne entente et l’entraide entre collègues qui prévalait vole en éclat avec le nombre de clients à gérer qui devient trop important. Certains, là pour des raisons exclusivement financières, usent de toutes les ruses pour occuper les positions commerciales et flairer les demandes clients rémunératrices. Les règles d’équité et d’alternance ne tiennent plus. C’est la loi du plus fort au détriment de ceux qui n’osent pas s’imposer. Tandis que certains font de la vente toute la journée, Julie finit par se retrouver régulièrement plusieurs heures de la journée à faire de l’accueil ou du SAV. Elle se confie à certains de ces collègues, à un de ses managers. Rien ne change. Les résultats commerciaux du magasin sont bons, c’est tout ce qui compte et puis c’est devenu chacun pour soi, les gens se saluent à peine, c’est très tendu avec les managers. La situation dure des semaines, ses primes chutent, son salaire est même plus bas qu’avant tandis que certains collègues triplent leur salaire. Elle ne leur en veut pas directement même si leur sympathie n’est en fait que de façade. Ce sont les règles du jeu qui entraîne cette concurrence. Elle ne fait plus le même métier, mais il faut bien travailler et elle a un mince espoir que cela s’améliore.

Le découragement, le sentiment d’échec

Cela dure un an. Ses journées ont perdu leur sens, le matin, elle appréhende de venir, quand elle est là, elle se met en pilotage automatique, elle ne fait presque plus de ventes. Au bout d’un an dans cette situation, complètement découragée, elle se fait une raison, elle adore le métier de vendeuse mais pas dans ces conditions et les choses ne semblent pas pouvoir s’améliorer à court terme, elle ne croit plus aux promesses de la Direction. Il en va de sa santé. A contrecœur, traversée par un sentiment d’échec, elle prend la difficile décision de partir dans un autre service pour un autre métier. 

Mots-clés : ViolenceDuTravail, vente, distribution, sens au travail

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