« Je repense à toi ce matin en passant devant le restaurant où l’on a déjeuné, ça me met dans tous mes états, je t’embrasse. », en référence au restaurant où on a déjeuner avec un collègue après une présentation pour gagner un appel d’offre alors que nous étions en déplacement.

« Tu as vu les sous-vêtements qu’ils vendent, ça t’irait bien. » alors qu’il m’envoie une photo de sous-vêtements léopard, ou encore un caleçon en parlant de lui et du fait qu’il pourrait l’acheter en me demandant si je pense que ça lui irait bien. 

Il était associé dans l’entreprise, j’étais salariée, jeune, en poste depuis quelques années, lui depuis une vingtaine d’années. A chaque appel, il faisait des blagues grivoises, tenait des propos déplacés, qui me gênaient. Je lui ai dit mais il rigolait, « c’est bon c’est une blague ». J’en ai parlé avec une autre femme présente sur le même dossier, elle m’a répondu « il ne faut pas faire attention, il est comme ça, c’est pas méchant. »

Rien de méchant, juste des propos et des messages déplacés… je me suis demandé pendant plusieurs semaines : qu’est-ce que je fais qui lui laisse penser qu’il peut me parler comme ça ? Est-ce que c’est normal ? Je dormais mal, j’y pensais souvent, dès que mon téléphone sonnait pour annoncer un SMS j’en avais mal au ventre. 

Quand j’ai osé en parler à mes proches plusieurs semaines après, ils ont tous été choqués. Alors après avoir hésité plusieurs semaines, j’ai décidé, même si c’était difficile, de prendre rendez-vous avec la DRH pour lui signaler les comportements que je subissais. Cette décision a été difficile à prendre, je ne me sentais pas complétement légitime, je ne savais plus si c’était normal ou pas…

Pendant le rendez-vous, elle m’a laissé parler, lui expliquer les propos qu’il tenait, les SMS que j’avais reçus sur mon téléphone professionnel, je lui ai montré les photos de lingerie, de lui en sous-vêtements. 

Sa première réponse a été une question : « Mais vous lui avez dit d’arrêter ? ». Je lui ai répondu qu’ « évidemment, dès que je pouvais… mais pas à chaque blague, et je n’ai jamais répondu aux SMS, ou pour dire que ce n’était pas drôle et je lui ai dit d’arrêter ces blagues. », Elle m’a dit en conclusion de ce rendez-vous « si vous aviez été adulte, vous lui auriez dit clairement et ça se serait arrêté, il aurait fallu se comporter en adulte » , j’ai tenté de me défendre, en disant que oui je lui avais dit mais que c’était quand même un associé… pendant ce rendez-vous, il n’y a eu aucune réponse, aucune reconnaissance de ma situation, juste une tentative de me culpabiliser et de me responsabiliser. Je suis sortie choquée, extrêmement seule, salie.

Elle lui a parlé du signalement, suite à quoi, il m’a appelé jusqu’à 20 fois le même jour et les jours suivants. C’était le milieu de l’été, j’étais seule au bureau. J’avais peur, l’impression d’avoir mal agi en allant signaler la situation, mais je pensais aussi aux autres femmes de l’entreprise, qui n’ont jamais rien dit. J’ai démissionné, et leur problème est parti avec moi. 

Ils se sont défendus, soutenus. La responsabilité pénale aurait pu être reconnue, elle ne voulait pas d’emmerdes et lui c’est juste un blagueur après tout. 

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