Au début de la crise sanitaire, les masques de protection du personnel soignant manquant cruellement, la direction de l’établissement de soins où je travaille a décrété que tout le monde est réquisitionné, continue à travailler, mais qu’il n y aurait pas de masques pour tout le monde.

Ils ont notamment décidé que les brancardiers (les hommes qui transportent les malades au sein de l’établissement) et les femmes de ménage n’auront pas de masque, ainsi que les secrétaires et hôtesses d’accueil.

Or, les hôtesses d’accueil et les brancardiers sont en contact proche et étroit avec les malades infectés. Les brancardiers sont ceux qui les touchent, touchent leurs draps, les aident à s’installer sur le brancard puis sur les lieux d’examens ou dans leur nouvelle chambre, souvent en les portant. Les femmes de ménage s’occupent d’éloigner les déchets contaminés. Les hôtesses d’accueil les reçoivent lors de l’admission, leur parlent à proximité, partagent leur stylos pour signer les documents.

L’ensemble du personnel s’est vu interdit de porter des gants dans le but de se protéger  (et on leur a enlevé les gants quand on les croisait dans les couloirs ou dans les salles de réunion).

Il y a eu même des scènes terribles où des membres de la direction ont obligé les brancardiers à retirer les masques que les médecins et infirmières leur avaient donné de leur propre gré, désobéissant aux consignes officielles.

J’ai trouvé cette situation d’une violence inouïe : le personnel qui est au bas de l’échelle hiérarchique a été obligé de prendre un risque mortel, contraint d’obéir (sous peine de licenciement) à ses ordres absurdes et dangereux, sous prétexte qu’ils sont moins qualifiés et donc facilement “remplaçables”.

Profondément choqué par ces méthodes indignes, envers les travailleurs les plus vulnérables sur le plan économique, je souhaite apporter ce témoignage.

Mars 2020

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