Je suis en grande souffrance.

Je dois dire en préalable que j’affirme avoir une position ni pro, ni anti-masque, ni rassuriste, ni complotiste, je déteste les « -ismes » qui servent à juger et empêchent de penser.

Ce lundi matin, jour de la rentrée à l’occasion d’une réunion au sujet de Samuel Paty où plusieurs enseignants (dont moi) ont exprimé leur désir d’avoir avec l’administration en général des relations plus coopératives le climat était électrique. 

A la pause la proviseure, visiblement en colère, est venue m’adresser ces paroles : 

1. « Vous êtes dénoncé pour non-port du masque ». 

2. « Si vous n’êtes pas en accord, avec le ministre de l’Education Nationale, vous n’avez qu’à démissionner ».

Elle ne m’a pas laissé répondre, m’a coupé la parole et mis fin. 

J’en serai peut-être resté là mais :

L’heure suivante, une collègue qui a l’habitude de rentrer à la fin de mon cours en demandant aux élèves de remonter leur masque, est entrée dans mon cours sans frapper, à l’improviste, quinze minutes avant la fin de mon cours et la minute de silence pour S. Paty. 

Tous les élèves et moi-même avions le masque mais pendant la minute de silence à S. Paty, elle a vu un portable sous une trousse d’élève, au premier rang, qui ne téléphonait pas, mais elle l’a pris et jeté en menaçant l’élève. 

La fin de la minute de silence a retenti, suivie, une minute après, de la sonnerie de fin de cours. 

J’ai pris mes affaires et suis parti en courant. 

Le climat est aux dénonciations, aux procédures de surveillance où les collègues zélés rendent d’étranges services.

J’ai déjà subi une grave affaire de dénonciation calomnieuse fin 2018, avec dénonciations anonymisées (au motif que je serai un terroriste) et lynchage des élèves soutenu par la direction : j’ai évidemment gagné, mais au bout de 5 mois d’enfer… et les services de « valeurs de la République » qui n’ont contacté ne m’ont plus jamais donné signe de vie… 

J’AI PEUR. 

Je fais le plus beau métier du monde, et cette semaine les élèves taguaient mon nom sur les murs, croyant que j’avais été « arrêté » ou que j’étais au tribunal. J’adore enseigner et mes élèves et mes cours me manquent, mais j’ai trop peur et suis effondré.

Je suis en arrêt maladie. 

Aidez-moi. Aidez-nous. 

Novembre 2020

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