J’ai 58 ans je suis cadre de santé depuis plus de 10 ans et infirmière depuis 1993.

Donc, je suis une senior avec une expérience professionnelle diverse et variée de plus de 20 ans.

Depuis que je suis cadre, je suis de plus en plus une nomade professionnelle, je l’étais déjà en tant qu’infirmière, mais je le suis de plus en plus, j’ai 18 certificats de travail depuis mon diplôme en 1993, j’ai eu 18 postes en tout.

Pas mal comme flexibilité, comme mobilité et je ne travaillais pas en intérim !

Pourquoi ? Parce que en tant que cadre, plus qu’en tant qu’infirmière, je suis entre l’enclume et le marteau, entre la Direction et le personnel, entre les soignants et les patients, entre les familles et les soignants, entre les familles et la Direction, entre les patients et la Direction, entre tous et parfois contre tous !

Cette position est difficile, de plus en plus difficile à tenir, car les Directions sont de plus en plus psychorigides et autoritaires. Les organisations de travail sont de plus en plus complexes et de plus en plus loin de la réalité. Les budgets sont de plus en plus réduits à peau de chagrin. Les patients et les familles sont de plus en plus informés, de moins en moins soumis, de plus en plus exigeants. Le personnel est lui de plus en plus mal payé, mal considéré, épuisé émotionnellement et physiquement, avec des roulements de travail aberrants, faisant de plus en plus d’heures supplémentaires. 

Et moi et moi dans tout cela ?

Je gère, je rassure, je soutiens, j’organise.

J’organise de plus en plus par le bas les services de soins avec toujours moins de soignants pour toujours plus de contraintes, traçabilité, qualité des soins à maintenir, de plus en plus de turn-over médical et paramédical.

Mon dernier poste de cadre de santé pendant 2 mois dans un SSR (soins de suite et de réadaptation) sur une île ?

Ma mission que j’avais acceptée : gérer et organiser ce service de Soins de Suite et de Rééducation, ce SSR qui avait le premier jour de ma prise de poste, un effectif de 10 aides-soignantes et de 4 infirmiers par jour pour 80 patients. Puis en 20 jours, le service est tombé à 6 aides-soignantes et 2 infirmières. La Directrice, une perverse narcissique, qui manipule tout le monde dont moi la première en me vantant son désir de faire de son établissement un modèle de bientraitance. Cette Directrice qui m’a séduite par son désir, son rêve de faire et d’être dans la bienveillance. Sauf, qu’elle avait une plainte en cours pour harcèlement par le personnel et que l’après-Covid en ce mois de juin a été l’hécatombe des soignants. Les arrêts maladies se sont succédé, en cette période estivale, il y a une réelle pénurie de remplacements surtout lorsque l’on se trouve sur une île !

J’ai fait ce que j’ai pu en prenant des petits bouts par-ci, par-là, de jours de remplacements ponctuels donnés par des soignants qui travaillaient à temps plein ailleurs et qui venaient sur leurs jours de repos travailler dans le SSR. Des personnes non soignantes, des auxiliaires de vie, des aides ménagères, sans formation et volontaires qui faisaient un jour par-ci, un jour par-là. J’ai décalé des congés avec l’accord des soignants, j’ai mis les mains dans le cambouis, en venant à 7h et en faisant des toilettes.

Et 10 jours avant la fin de mon contrat la Directrice m’a remercié en me disant que je n’étais pas soutenante pour l’équipe, que je ne servais à rien.

Devant tant de méchanceté, de mauvaise foi, je suis restée sans voix.

Je me suis retrouvée devant une situation de déjà-vu. J’espère que mon prochain poste sera mieux, car je projetais de rester sur cette île tout comme pour les autres postes où je suis partie, où on m’a fait partir, pour aller ailleurs, encore et encore !

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