Jusqu’à ce fameux jour, je menais ma petite vie d’employée, tranquillement. Ma seule préoccupation était de rester professionnelle. Jusqu’à ce fameux jour où une modification nous a été annoncée. La base de mon métier c’est « toujours vérifier ses sources ». Alors j’ai demandé quelle était la source suite à cette annonce. Qu’avais-je fait ? Oser demander à ma direction sur quoi elle se basait pour affirmer des choses qui au final se sont avérées fausses (J’avais donc bien fait de demander. Mais à quel prix).

Jusqu’à ce fameux jour… A partir de là, ont commencé les dérives. Convocations régulières par le directeur ou le responsable d’équipe. Contrôle sur mon travail, refus de certaines demandes bien que règlementaires, surveillance de mes échanges avec mes collègues. J’étais identifiée par ma direction comme « la personne à qui il ne fallait pas parler pour ne pas avoir de problèmes ». Je devais justifier mes faits et gestes. Et bien sûr, sur tout le collectif j’étais la seule à qui cela arrivait. Pourquoi ? Parce que j’avais osé. Mais osé quoi finalement ? Réfléchir par moi-même, chercher à savoir si ce que l’on me disait était fiable ou non. Mon seul tort était là.

Quand le doute s’installe

La situation devenait invivable. Mon quotidien compliqué. Alors plus que jamais je me devais d’être irréprochable dans mon travail. La moindre erreur aurait pu me coûter cher. Bien heureusement je suis une professionnelle, consciencieuse. Et pourtant le doute s’est installé. Ai-je bien tout sécurisé ?

En me garant le matin, je me demandais ce qui allait encore « me tomber dessus ». Le soir avant de me coucher je refaisais ma journée dans ma tête pour être sûre de n’avoir rien oublié.

Et voilà, les premières nuits coupées, puis des nuits sans dormir et… les premiers pleurs avant d’aller travailler, les premiers pleurs sur mon lieu de travail. Mais non cela ne pouvait pas m’arriver. Pas à moi. Je suis forte normalement. Mais malgré moi je perdais pied. Je perdais confiance en moi, je perdais goût à tout. Solution d’urgence : le médecin. Il fallait que je dorme un peu, que je récupère. Le premier arrêt a été salutaire. L’était-il réellement au final ?

De retour au travail, cette même pression que je vivais comme un acharnement, une injustice. Pourquoi moi ? Pourquoi tout court ?

Jusqu’à ce fameux jour où des collègues bien intentionnés et attentionnés sont venus me voir en me disant que cela ne pouvait plus durer. Qu’ils voyaient très bien ce qu’il se passait et que je ne pouvais pas continuer comme ça.

Selon eux, 2 solutions s’offraient à moi : demander ma mutation ou me « battre ». Partir était synonyme d’abdiquer. Ce n’était pas moi. Me battre et me relever oui mais j’étais à bout de force. Et comment faire ? De surcroît face à la direction ?

C’est alors que j’ai été mise en contact avec le médecin du travail, les représentants du personnel à qui j’ai raconté ma malheureuse histoire. C’est la première fois où le terme « harcèlement » est prononcé. Moi harcelée potentiellement ? Je peux assurément parler de violence psychologique parce que oui je déclinais.

Ensemble pour s’en sortir

Jusqu’à ce fameux jour où on m’a dit « tu n’es pas seule ». Et là j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Une solution sur le long terme qui tenait compte de qui j’étais, de qui je suis. Quelqu’un qui voulait juste travailler sereinement. Ces larmes ont été libératrices et le début d’une nouvelle histoire. Plus jamais ça pour moi, pour les autres. Quelle que soit notre histoire il y a toujours quelqu’un dans notre entourage prêt à nous aider. Le premier pas c’est nous. Ne restons pas dans notre isolement. Relevons la tête et ensemble on y arrive.

Octobre 2019

Mots-clés : ViolenceDuTravail, Harcèlement moral, burn out

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